Haïkus de l’onde
Écume frangée
va-et-vient de l’onde en pleurs
craquements de roches
Dans l’obscurité
une goutte anime l’onde
jaillit la lumière
Une péninsule
rencontre de terre et d’eau
chant de l’océan
Miroir océan
reflets sur les ondes vertes
feu d’âtre liquide
Petit Port-Racine
dans un champ dort le poète
maison de granit
les mots sont la voie
portés par l’onde des sons
leur lueur éclaire
Chaque mot est vague
onde venue de la nuit
du cœur de notre âme
Vibration des mots
palpitations du cœur
source d’émotions
Un mot de deux-pattes
les ondes sont page blanche
dictionnaire ouvert
Jeux de mots en l’onde
propagation inconnue
mystère du sens
Ondes éphémères
la seconde est une note
le temps mélodie
Elve au gré du flux
main plongée en l’onde claire
brume sur les flots
Clinamen ici
l’onde s’étend alentour
l’humanité bouge
Toucher de la chair
onde transmise à l’espoir
cri d’enfantement
Deux-pattes qui voit
sent l’impalpable des choses
infinie seconde
Remarques
Définitions
L’onde est de l’eau en mouvement
. L’océan est sans doute le plus représentatif en tant que masse d’eau qui se soulève et s’abaisse en se déplaçant ou en donnant l’illusion du déplacement.
L’onde est aussi propagation d’un mouvement ondulatoire
.
(Ces définitions sont tirées du Petit Robert 2013).
Elle peut être souterraine ou invisible (et se révéler soudain). Elle peut être provoquée par un simple frôlement et déclencher un bouleversement intérieur. Elle peut voyager longtemps sans être perçue et resurgir quand on ne l’attendait plus.
Elle est cet instant où le caillou percute la surface lisse d’un étang et provoque une réaction en cercles concentriques. Elle est, comme je l’ai écrit quelque part, une tentative de définition, sinon de la poésie, du moins de ses effets.
Jacques Prévert
C’est ce poète que j’évoque dans ce « Petit Port-Racine ». L’onde provoquée par les mots creuse dans les consciences comme celle de l’océan dans la terre. Les mots d’un poète développent des vibrations qui se propagent à l’infini. Elles peuvent s’éloigner, mais elles reviendront sous forme élémentaire et balaieront les murs les plus solides.
Retour sur le haïku
Par son côté discret, évanescent, ainsi que je l’approchais dans mon article consacré à sa quête, le haïku est un propagateur d’ondes au cœur du lecteur.
Il est au cœur même de la poésie, par son exigence de concentration réalisée par l’athanor de la conscience. Pour ma part, parmi mes nombreuses productions, je saurai dans dix ans ce que je garde et ce que je rejette. Si une proportion de un sur dix résiste à ma relecture, je serai le plus heureux des chats.
En cercles fendus
navire dans un chenal
bruissement de l’onde
Secrète griffure
l’onde en gouttes d’émotion
féminin symbole
Long frémissement
quand s’enfonce l’éperon
dans l’onde alanguie
Terre ! crie le mousse
tous les regards s’émerveillent
ils croient voir les Indes
Eshylle le chat, qui ronronne des mots doux, comme des ondes d’un océan.
merci pour cet océan de douceur
Caresse de l’onde
au cœur du lecteur sensible
résonne le sens
« Ondes éphémères
la seconde est une note
le temps mélodie »
Deux papillons d’eau
La minute se reflète
L’heure du ruisseau
Merci Chat-charmant ! Tu me donnes des ailes sur le bout de ma plume et tu me fais virevolter avec la pelote des phrases !
Cependant, je crains toujours le cafouillage de mes dix doigts qui sont de piètres comptables en matière de pieds…
Logiques, ce ne sont pas avec ceux-là de ceux-ci que je t’écris !
Bon début de nuit !
Ronronnements quand je te lis, Agnès !
« Des ailes au bout de ta plume », tu me mets l’eau à la bouche ! Je ne saurais pas que tu es une deux-pattes, je feulerais.
« Chat-charmant » me qualifie assez bien, je trouve… Toi, tu sais écrire aux chats.
Tu m’apprends des choses sur la complexité de l’esprit deux-pattes, et des courts-circuits que peuvent produire les pieds sur les doigts.
Je retourne digérer sur mon coussin.
L’impression que me font ces vers est presque tactile.
Ronronnements à la lecture de ce commentaire en résonance.
Ciseler le ciel, tout un programme…
Ma griffe enchantée
patte de velours sur peau
accès aux mystères
Il en restera nécessairement plus d’un, à la relecture..Cher Eschylle, toi qui nous entraîne au fil de l’onde…
Tes propos sont délicats, Courtois, et je t’en remercie.
Le temps est belle sentinelle, et juste, et cruelle.