Disparu en mer – Marine

Disparu en mer

Un sourire
C’est mon souvenir
Un œil malicieux
La simplicité inscrite
Généreuse
Sur ce visage halé
Par l’océan déchainé.
Un homme d’Ouessant
Parti de son île pour la première fois
Pour le service
Sur un bateau à voiles
Il m’avait raconté
Les heures dans la cale
Le corps tourmenté
Les boyaux qui débordent
L’apprentissage de la vie
Sa vie
La Marine
Et puis…
Le France
La fierté dans ses yeux
D’avoir servi là.
La retraite n’avait pas entamé
Sa fidélité
À la mer, son océan.
Le flux le ressac
Les brisants
Qui hérissent leur nom
Le silence de la brume
Accompagnée par la conque
Qui surgit soudain
Le flux le ressac
Les rochers sur la lande
Aux formes d’ankou
Les moutons tout tranquilles
Qui broutent l’herbe rase
Le flux le ressac
Le flux le ressac
Le silence
Un sourire.

Souvenir,souvenir

L’engagement

L’histoire de ce deux-pattes disparu en mer, car il s’agit d’un deux-pattes, c’est celle d’un être libre, un marin, bronzé par le large, par l’océan, et par son engagement dans la marine (Il faudra que je rédige un texte sur cette notion d’engagement, qui est voisine de celle de responsabilité, aujourd’hui où plus aucun deux-pattes n’assume quoi que ce soit).
Ce marin, qui a servi de nombreuses années sur le paquebot Le France, était fier de son navire et de son service. Il portait la dignité de sa conscience sur son visage, buriné, dessiné par les flots de l’océan. Le jour où mon deux-pattes a appris sa disparition fut un jour de peine. C’était un homme d’honneur et un homme simple. Il se nommait Hervé.

Sa fierté : Le France

Quand il racontait à mon deux-pattes son service à bord du France, ce paquebot transatlantique qui fut, en son temps, le plus grand du monde, le yeux de ce marin s’illuminaient, la fierté y brillait.

Le deuil

J’ai partagé cette douleur, aussi improbable que cela puisse paraître, et je la ressens davantage rétrospectivement, car rares sont les deux-pattes d’engagement et de conviction, aujourd’hui où la seule valeur semble être l’intérêt immédiat et financier. C’est pourquoi je me suis placé du point de vue d’un témoin extérieur, en l’occurrence mon deux-pattes, pour livrer ce témoignage en hommage.
Disparu en mer, parce que celui qui tombe à l’eau est avalé par l’océan et disparaît dans les grands fonds, dévoré par cette maîtresse exigeante, cette mante religieuse qui recouvre en partie la Terre.

Marine

Cette marine d’un deux-pattes de la marine est un tableau. Il représente l’horizon d’un marin disparu en mer.

Ouessant

Je ne connais pas cette île mais je ne peux nier l’amour de mon deux-pattes pour cette terre perdue en mer. Elle a donné de nombreuses générations de marins à la Royale (ou à la Marchande). Quoiqu’il penche sur l’horizon, ce sol est loin d’être disparu en mer.

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A propos Eschylle

Autant le dire tout de suite, je suis un chat. De surcroît, vous pouvez le constater, je m’exprime dans votre langue. Si j’avais miaulé, vous n’auriez rien compris. Ni même rien entendu puisque nous sommes dans le virtuel. Et l’écriture chat est un secret bien gardé.
J’apparais, sous la forme d’un siamois, à Paris en 1989 (28 06 1989), après avoir parcouru de nombreux plans d’existence. Je m’offre alors un deux-pattes fidèle et attentionné. Les péripéties de la vie me font découvrir qu’il n’est pas pourvu que de qualités, et tarde à écrire sous ma dictée. Je meurs et renais en 2006 (je vous rappelle que je suis un chat, il n’y a là rien que de très normal). Fin 2008, je prends mon deux-pattes en patte et commence à lui dicter mes souvenirs. Début 2011 est publié, sous son nom, mon premier roman, L’Arc de la lune. Les souris sont mon seul vice. Avec le chocolat. Oui, je sais, c'est inhabituel chez un chat. Je serai enchanté de répondre à toutes vos questions, quelles que soient vos origines (marsupiaux, félins, muridés (même les rats, j’adore les rats (surtout accompagnés de petits oignons, ou au naturel) !), ou même deux-pattes…)

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