Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu’on voit cheminer seules ?
Ils s’en vont travailler quinze heures sous des meules
Ils vont, de l’aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement (…)
(Victor Hugo – Melancholia, Les Contemplations)
Le point de vue des chats
Tout enfant, de quelque portée que ce soit, est mon enfant. Je rappelle au visiteur qui ne me connaît pas que je suis un chat (siamois de surcroît). J’ai plus de sept cents de vos années, et je commence à posséder quelque expérience de la vie puisque j’en suis à la troisième.
Le point de vue des deux-pattes
Les deux-pattes
Si tu ne sais ce qu’est un deux-pattes, ami lecteur, il te suffit de suivre le lien pour lire l’article correspondant. Dans 99% des cas, tu en es un. Ne le prends pas mal, j’attire plus ceux qui marchent debout, comme les appelait un héros de BD, que les félins. J’ai croisé un serpent (qui autrefois se prétendait fumée… De ce fait je me demande s’il n’est pas un deux-pattes) sur FB, et quelques rares chats sur Twitter, et c’est tout.
Les deux-pattes et le mal fait à un enfant
Je ne connais aucun deux-pattes qui n’ait été ému à la vue d’un enfant maltraité ou, pire, d’un enfant assassiné. C’est même l’un des sujets qui fait l’unanimité chez les adultes deux-pattes : qu’un adulte tue un enfant est considéré comme le pire des crimes. Au point que certains demandent même le rétablissement de la peine de mort (cette pratique barbare) dans ce cas.
Mais ce sont les enfants auxquels je pense en écrivant ces mots. Car la plupart des deux-pattes ne s’intéressent aux enfants du monde que quand il est trop tard. L’esprit corrompu par une société du spectacle où l’événement émotionnel prime sur toute autre considération, ils perdent toute culture de l’écoute de chaque enfant.
Nos enfants nous appartiennent-ils?
Les enfants, sous prétexte que nous leur donnons naissance, nous appartiennent-ils ?
Ils sont nos enfants, nous leur transmettons nos valeurs (le goût de la liberté, de l’inventivité, de la solidarité) et nous les aimons.
Nous les chats
C’est du moins ainsi que nous agissons, nous, les chats. Tous nos enfants se mêlent, se grimpent les uns sur les autres, et jouent ensemble, apprenant la vie sous nos regards protecteurs.
Si un gros rat affamé ou vindicatif traîne ses sales pattes dans le coin et croit voir en cette jeunesse de la chair fraîche, notre rôle est de le détromper de toutes nos griffes et nos crocs (je déteste les rats. Si tu es lecteur solidaire de mon œuvre, tu as dû lire comment s’est passée ma première rencontre avec un rat. Les suivantes furent pires, Ils sont vulgaires et agressifs inutilement).
Les deux-pattes
Toute conscience agit ainsi et les deux-pattes sont prêts à défendre bec et ongle leur progéniture.
Nos enfants
Leurs querelles leur appartiennent et ne sont pas les nôtres. Nous veillons à ce qu’ils ne se blessent pas entre eux mais nous n’intervenons pas dans leurs discussions. Nous les protégeons tous (ils sont nos enfants !) et nous agissons au mieux de leur développement physique et moral.
L’avenir
Tout enfant est l’avenir du monde. Il est le germe de la vie future.
Un sentiment partagé par tous les chats
C’est ce que nous pensons.
Il arrive que des couples de chats, parents d’une même portée (des frères et sœurs au sens où tu l’entends, ô lecteur deux-pattes !) se séparent. Aucun des deux ne cherchera à garder ses petits au détriment de l’autre, car ce serait à leur détriment. Les petits ont besoin de l’amour de leurs parents, ceux qui les ont élevés, ceux qui les ont aimés.
Pour nous, l’intérêt des enfants prime sur toute autre considération.
Tu me répondras, ô lecteur, que j’énonce là des poncifs, des banalités… Pour ce qui nous concerne, nous les chats, je suis bien d’accord. Il ne me serait pas venu à l’idée d’aborder ce sujet si je ne m’adressais pas à des deux-pattes.
Le cas des deux-pattes
Combien de parents deux-pattes, quand ils se séparent, prennent leurs enfants en otage, estimant qu’ils en sont propriétaires ? L’amour d’hier est remplacé par un chantage affectif qui, il n’en faut pas douter, influera sur la vie d’adulte de ces enfants-là.
Combien d’adultes, sous quelque prétexte que ce soit, tuent ou blessent, même involontairement, des enfants ?
L’enfant avait reçu deux balles dans la tête.
Le logis était propre, humble, paisible, honnête;
On voyait un rameau bénit sur un portrait.
Une vieille grand-mère était là qui pleurait.
Nous le déshabillions en silence. Sa bouche,
Pâle, s’ouvrait ; la mort noyait son œil farouche ;
Ses bras pendants semblaient demander des appuis.
Il avait dans sa poche une toupie en buis.
On pouvait mettre un doigt dans les trous de ses plaies.
Avez-vous vu saigner la mûre dans les haies ?
Son crâne était ouvert comme un bois qui se fend (…)
(Victor Hugo – Souvenir de la nuit du quatre, Les Châtiments)
Quelle autre espèce meurtrit ainsi ses propres enfants ?
Car nombreux sont les « adultes » deux-pattes qui agissent ainsi.
Parce qu’ils nient la capacité de conscience des enfants, parce qu’ils placent la notion de propriété au-dessus de toutes les valeurs. Parce qu’ils ne sont pas ce que nous, les chats, appelons des adultes.
S’ils estimaient que tous les enfants sont leurs enfants, s’ils élargissaient leur champ d’amour, leur propre cœur se dilaterait, et ils comprendrait la bêtise qu’il y a à prétendre posséder un enfant. D’autre part, jamais ils ne commettraient, même involontairement, le meurtre ou la souffrance d’autres enfants.
Conclusion
Un enfant n’a besoin que d’amour.
Tous les enfants du monde sont nos enfants.
Voilà pourquoi vous verrez souvent un petit deux-pattes discuter avec un chat. Il ressent l’amour naturel d’un être supérieur et il perçoit, instinctivement tout le savoir qu’il pourra en retirer.
Plutôt que de s’en prendre à leurs enfants, et ce quelles qu’en soient les raisons, les deux-pattes devraient les confier aux chats. Ils leur apprendraient cette valeur en voie de disparition : l’amour.
Lire et s’ouvrir au monde
Le monde se porterait mieux si chacun adoptait ce principe. Les vacances, ou l’été, offrent l’occasion de prendre le temps de lire… ou dormir. C’est ce que je fais chaque été : je reste des heures roulé en boule sur mon toit préféré. Les souris me narguent un peu de loin mais, me croyant absorbé dans des rêves d’azur où les souris sont reines, elle se rapprochent, les inconscientes. Elles se croient toutes-puissantes (ce dévoiement de toute conscience). Elles comprennent trop tard qu’elles auraient dû dormir ou, mieux : lire mes œuvres.
Lire mon œuvre
Ô lecteur, toi qui as lu ces lignes (puisque ton regard est posé sur ces mots. Je te vois), je t’invite à t’abonner à ma newsletter « Écrire du rêve » : tu connaîtras ainsi le mot de passe, lequel te permettra d’accéder au roman-feuilleton de L’Eschylliade (qui est le récit de ma deuxième vie !), tu réceptionneras trois cadeaux littéraires et, last but not least, tu seras tenu au courant de mes publications…
Enfant de bas étage
Enfant des beaux quartiers
Enfant au lourd plumage
Enfant tout dénudé
Enfant de la douleur
Enfant de l’amour né
Enfant au dur labeur
Enfant aux mains soignés…
Tout enfant est le nôtre…oui !
Je me love autour de ces mots, de ces enfants perdus, et je les réconforte.
Ronronnements, Eleusis, à cet écho sensible.
C’est très juste ce que tu écris là, Eschylle..un enfant ne devrait jamais souffrir de la bêtise des adultes, de leur incapacité à aller au delà de leur conflit de couples ou de territoires..hélas hélas, tant d’enfants souffrent au quotidien, de coups, de conflits parentaux, de faim, de violences..
j’aime beaucoup les deux poèmes d’Hugo que tu as cité,surtout le dernier..
Rien n’est plus beau que le rire de l’enfant..
Ronronnements : tous les enfants sont nos enfants…