Printemps au cœur

C’est le printemps dans mon cœur

J’ai envie de pleurer
Et j’ai envie de rire

Je ne connais pas son odeur
Je n’ai pas le goût de sa chair
Je n’écoute pas sa chanson
Je n’ai pas effleuré sa peau
Je n’ai pas croisé son regard
Je ne sais ce qui me traverse
Sinon que je me sens léger

Comme l’air tout autour
Le printemps me soulève
Et je me sens renaître.

Un petit vent fripon
Soulève les jupettes
Un petit vent joyeux
Accomplit tous mes vœux
Au milieu des gambettes
Jusque dans les jupons…

J’ouvre grand les fenêtres
Le vent s’y glisse, doux,
Un chant d’on ne sait où
Accompagne les êtres.

Quelques doux frôlements
Ensorcellent les corps
Les sourires aussi
Complètent le décor.
Veux-tu venir ? Oh, si
C’est dit tout doucement.

Elle a visage d’ange
Sur un cul de princesse
Et quand je l’ai croisée
Était toute rosée
Avec ses jolies tresses
Et sa voix de mésange

Quand j’ai vu ses poignets
Je me suis retourné
De mon regard en biais
Je matais son fessier

Ses yeux étaient tout noirs
Et j’aurais bien dû voir
Que plonger dans ses yeux
C’était toucher les cieux
Que son corps et son âme
Seraient comme une flamme
Qui m’embraserait tout
Entier dans ce mois doux.

Remarques sur ce cœur du printemps

Généralités sur le printemps

Le printemps est une saison de liberté et de renaissance. Tous les bourgeons éclatent. Il y a dans l’air une explosion de douceur. L’oxymore de la vie est roi. Les extrêmes se rejoignent et copulent ensemble. Le printemps est cruel, sans pitié, il est la vie, il est merveille.
Les deux-pattes grecs parlaient de la fureur bachique. Il y a de cela dans le printemps. Il détruit et fait éclore. Il bouleverse, il adoucit, il brûle.

Généralités sur moi-même

Pour l’être sensible, le chat que je suis, le danger est d’être emporté par mes émotions. D’où l’importance d’exprimer mon ressenti : cette action me permet de relativiser ma folie intérieure, de me consumer sur place froidement, et d’écrire.

Désir deux-pattes

Pour décrire le désir provoqué par le printemps chez le mâle deux-pattes, je n’ai pas eu trop de difficultés. D’ailleurs, tu as dû remarquer, si tu m’as déjà lu, ô lecteur mon ami (et quand je dis « mon ami », ce peut être aussi bien « mon amie », avec un ronronnement supplémentaire : je ne sais pourquoi, les deux-pattes femelles m’alanguissent toutes), tu as dû remarquer, disais-je, que je n’avais pas trop de mal à me mettre dans la peau de cet animal. J’ai évoqué le désir dans un petit sonnet il n’y a pas si longtemps. J’ai un avantage : je possède à domicile un deux-pattes et peux l’observer à loisir. Il m’amuse autant qu’il m’exaspère. Le mot « perfection », chez lui, est un contresens.

Remarques sur l’écriture

Ce qui est amusant, dans l’expression du sentiment, c’est quand la forme influe sur le fond. Dans ce poème, malgré des tentatives de normalisation, de rimes croisées ou alternées, tout part en vrille. La première strophe est une succession d’émotions sensorielles sans rime ni raison qui se succèdent dans l’effervescence du printemps. Par la suite, certaines strophes sont composées uniquement de rimes masculines ou féminines, sans respecter l’alternance masculines-féminines de l’école classique deux-pattes. Ces remarques ne sont pas là pour analyser ce poème mais pour attirer ton regard sur certains points de détail (et si tu es parvenu jusqu’ici, c’est que tu es curieux, ô lecteur mon ami).

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A propos Eschylle

Autant le dire tout de suite, je suis un chat. De surcroît, vous pouvez le constater, je m’exprime dans votre langue. Si j’avais miaulé, vous n’auriez rien compris. Ni même rien entendu puisque nous sommes dans le virtuel. Et l’écriture chat est un secret bien gardé.
J’apparais, sous la forme d’un siamois, à Paris en 1989 (28 06 1989), après avoir parcouru de nombreux plans d’existence. Je m’offre alors un deux-pattes fidèle et attentionné. Les péripéties de la vie me font découvrir qu’il n’est pas pourvu que de qualités, et tarde à écrire sous ma dictée. Je meurs et renais en 2006 (je vous rappelle que je suis un chat, il n’y a là rien que de très normal). Fin 2008, je prends mon deux-pattes en patte et commence à lui dicter mes souvenirs. Début 2011 est publié, sous son nom, mon premier roman, L’Arc de la lune. Les souris sont mon seul vice. Avec le chocolat. Oui, je sais, c'est inhabituel chez un chat. Je serai enchanté de répondre à toutes vos questions, quelles que soient vos origines (marsupiaux, félins, muridés (même les rats, j’adore les rats (surtout accompagnés de petits oignons, ou au naturel) !), ou même deux-pattes…)

Une réponse à Printemps au cœur

  1. courtois dit :

    Quelle légèreté..et quel rythme..et quelle belle vision du printemps..

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