Coup de foudre
Présentation de cette publication – Coup de foudre
Cet épisode, Coup de foudre, est la suite de Personnage principal, à l’intérieur du chapitre Une cérémonie spectaculaire. Il décrit ma première entrevue avec Bélerin, le magicien elfe noir, et l’effet qu’elle produisit sur ma féline personne.
Coup de foudre : tentative d’explication
Quand on parle de coup de foudre, le lecteur pense aussitôt au coup de foudre amoureux, à cet instant où deux êtres se croisent, se rencontrent, se choisissent d’instinct et se lient l’un à l’autre. Cet instant où tous les sens sont exacerbés, où le regard, l’écoute, mais aussi et peut-être d’abord l’odorat, avant que n’interviennent le toucher et le goût, captent l’autre et créent en soi le désir et la peur, c’est peut-être cela, le coup de foudre.
Petit rappel
Dans l’épisode précédent ce Coup de foudre, jeune chaton, alors que je larmoyais près de la margelle d’un puits, j’ai été transporté dans un tunnel de lumière et me suis retrouvé face à une paire d’yeux, un regard d’une intensité incroyable, me demandant :
— Veux-tu être mien, veux-tu que je sois tien ?
Une cérémonie spectaculaire – chapitre 5 (suite)
Que pouvais-je répondre ? Je ne voyais qu’eux, l’un était mauve et l’autre violet. Je n’entendais que cette voix qui me faisait vibrer. Ma vue perçait la brume qui l’entourait. Il n’y avait plus de brouillard, plus d’ombre, plus de limite à mon regard. Tout me devenait perceptible. Tous mes sens, soudain, atteignaient à la connaissance d’une faculté qui me dépassait. Je n’étais plus un chat, je n’étais plus un simple quatre-pattes. La conscience s’infiltrait en moi. J’acquérais ce pouvoir, le libre-arbitre. J’étais libre. En acceptant mon maître, j’accédais à la liberté ! Cela peut paraître incroyable et j’entends déjà les ricanements des sceptiques de tout poil et de toute obédience. Le fait est là. J’ai accepté le lien avec Bélerin. J’ai été chargé du fardeau de la liberté.
— Je te nomme Eschylle, a-t-il conclu.
Je suis devenu ce que les profanes nomment son compère.
Le compère se lie absolument, totalement, heureusement, éternellement, effectivement à son maître. Il fait partie de lui-même. Il acquiert une âme en prenant un fragment de celle de son maître. Je ne peux le dire autrement. Je ne me trompe pas en usant de cette image. Bélerin m’a donné un morceau de son libre-arbitre et je l’ai reçu. Cette miette d’âme a donné naissance à la mienne.
Il y a des avantages et des inconvénients à être le compère d’un mage. Le premier, je l’ai tout de suite distingué. C’est le cas de le dire. Bélerin a une vue excellente, comme tous les elfes. De plus, il peut percer l’obscurité mieux que les autres elfes. Enfin, il n’a pas la même fragilité à la lumière du soleil que les autres elfes noirs. Ses yeux sont exceptionnels au sein de sa race. Il m’a légué tout ça.
Le lien permet de partager le meilleur de l’autre. Quand j’ai émergé du tunnel de lumière, que mes yeux ont rencontré les siens, qu’ils n’ont plus fait qu’un seul regard, à sa question j’ai d’instinct répondu « oui ».
Certains d’entre vous ont-ils déjà eu le coup de foudre ?
C’est exactement pareil : vous êtes assommés du désir de ne faire qu’un avec l’autre. Les yeux se mélangent et voient tout en un éclair. C’est l’abandon croisé de l’un à l’autre, de l’esprit de l’un en l’esprit de l’autre. Chacun verse en l’autre. L’étranger devient soi.
Toutes les rencontres que nous faisons sont d’ordre sensible. Qui me plaît me touche. Et réciproquement. Avant tout intérêt intellectuel, il y a cette aura, ce magnétisme, appelez cela comme vous voudrez, qui nous entoure et qui attire ou repousse les autres.
Les meilleurs magiciens parmi vous, et je parle d’expérience, sont ceux qui n’oublieront jamais leurs sens de base, ceux qu’ils avaient au début de leurs études et qui leur permettront d’appréhender le monde comme les deux-pattes normaux : en toute conscience. N’oubliez jamais de les développer tout au long de votre vie. Ne vous contentez pas de la magie. Celle-ci peut prendre possession de vous-même et vous faire oublier votre statut d’être vivant, mortel et doué de conscience. Ce sera le sujet d’un cours prochain, mais soyez toujours à l’écoute de vos sens, de votre cœur comme disent les prêtres, de ce que les gens des villes appellent le gros bon sens paysan. Pour ma part, j’ai toujours veillé à garder mes qualités félines. Cela m’a servi plus d’une fois.
Lire L’Eschylliade
Si tu découvres par hasard cet épisode, ô lecteur, ce Coup de foudre, deuxième partie du chapitre 5 de Ne pas se fier aux apparences, premier tome de mon Eschylliade, je te conseille de commencer par le début et de lire le premier chapitre. Cela peut sembler logique, mais tu es le lecteur, donc le seul maître à bord de ce Carnet. Lis comme il te convient.
Cependant, cette lecture t’apprendra qui je suis et comment a commencé ce cours d’Histoire Morale de la Magie.
Tu peux aussi, ami lecteur, te référer à la table des matières de l’Eschylliade qui, avant ce Coup de foudre, renvoie à tous les chapitres déjà parus sur ce carnet de bord.
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pour une première lecture de ce chapitre , j’ai fondue , tout en douceur comme le chocolat ..
Les chats ont toujours intrigués les mages …et la magie …à suivre belle plume
Ronronnements à la lecture de ce commentaire, Louve77, et bienvenue à toi !
Il me semble t’avoir croisée, sinon dans une autre vie, du moins en un autre domaine virtuel.
Tu as, en quelques mots, évoqué l’un des cœurs de l’Eschylliade, félicitations, jeune deux-pattes !
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