Terre étrangère
J’aborde en un lieu inconnu,
Imprimant sur le sable nu
Ma trace de peau étrangère
Écoutant rouler chaque grain
Ma présence n’est pas souhaitée.
Je dérange l’ordre des choses
Imposant la présence au rivage
D’un corps embarrassé de lui-même
Ma présence n’est pas souhaitée.
La clarté fait danser des lucioles
Dans mes yeux embués fatigués
Ma présence n’est pas souhaitée.
Je baisse la tête, épuisé
Et m’allonge pour en finir
Ma présence n’est pas souhaitée.
Sur l’horizon de mes souvenirs
Je ne vois plus qu’un trait sombre
Tiré sur un passé révolu.
Ma présence n’est pas souhaitée.
J’entends un rire moqueur
Je sursaute aussitôt, outragé,
Quelqu’un rit de mon malheur !
Je relève la tête et je vois…
Ma présence n’est pas souhaitée ?
Un oiseau me regarde, amusé…
Le ciel me sourit lui aussi
Le sable est doux et malicieux
L’air est enivré de frissons
Je me dresse, emporté par ce changement
Toute la nature me fait part de sa joie.
L’autre et le point de vue
Immigré/émigré
Tout immigré est un émigré, un déraciné, un voyageur en exil. Celui qui le regarde comme un intrus est avant tout un ignorant ; ou plutôt, celui qui ne connaît qu’un seul (même quand il ne l’est pas !) point de vue, le sien. Tout deux-pattes ainsi borné est en exil de sa conscience.
Écoute de l’autre
C’est pourquoi l’étude de l’autre devrait être au cœur de l’apprentissage, de l’éducation, chez tous les jeunes deux-pattes. Le fait d’être capable de changer de point de vue permet de relativiser sa propre vie et de lui redonner toute sa valeur, toute son unicité. Elle permet de ressentir pour mieux exprimer.
Historique de cet exil
Ce texte a déjà plusieurs années. Je l’ai écrit avec le souvenir d’événements vécus de l’autre côté, alors que, sous une apparence humaine (deux-pattes), j’avais dû pénétrer incognito en territoire inconnu. Mes craintes n’étaient pas justifiées, mais je n’ai jamais oublié cette appréhension qui m’habitait alors. Subir un exil, quel qu’il soit, est toujours douloureux.
(À suivre)
Tu as lu, ô lecteur, en différents points de mon Carnet de bord cette formule entre parenthèses : À suivre
. Tu en sauras plus dans quelques jours. Sache, cependant, que cette expression sera liée à la découverte de mon Eschylliade. Je ferai paraître le chapitre 1 en clair en fin de semaine. Pour lire la suite, qui sera cryptée par un mot de passe, il te suffira de t’abonner à ce Carnet de bord. Je souhaite que tu t’y sentes chez toi et que l’exil, pour toi ou pour moi, ne soit plus qu’un lointain souvenir.
J’aime beaucoup la construction de ce poème, de l’assertion à l’interrogation souriante lorsque s’ouvrent les yeux.
Eleusis
Quand s’ouvrent les yeux
Revient le sourire.
Un délice pour l’esprit, un sens de l » humour bien apprécié, j’ai adoré ….bravo !
Savourer le sens
rire aux éclats du soleil
en terre étrangère
Si, si, ta présence est souhaitée.
PL
J’adore l’humour deux-pattes, en particulier quand il est bienveillant.
Tu es toujours le bienvenu, ami Pierrot Lunaire.