Plaisir de chair
J’ai découpé la peau en très fines lamelles
J’ai tranché dans la chair en jouant du scalpel
Je n’ai pu résister, mystère ! à cet appel
Du jus délicieux que je sentais en elles.
Toutes mes pulsions s’extasiaient, femelles,
Du sang rouge giclant dans ce sourd boyau tel
Un réceptacle obscur au pied de cet autel.
Avec un chiffon roux j’essuyai mes semelles
Je rejetai la peau dans le noir caniveau
Comme un vampire fait d’un corps dans un caveau.
Je contemplai mes doigts pour te déshabiller
Et je me demandai ce qui était étrange
À prendre du plaisir à te multiplier
Tant ta saveur éclate en mon palais, orange.
Observations
Le dernier vers
Si ce sonnet t’a touché, ô lecteur deux-pattes, et que tu souhaites en savoir plus sur le sonnet, je t’invite à lire mon article à ce sujet. L’une des règles du sonnet étant que le dernier vers le résume, je me suis amusé ici à faire de ce résumé une chute.
Dans la même veine…
Quoiqu’en disent certains docteurs, le sonnet permet d’aborder aussi bien le sublime que le sordide, en leur offrant ainsi sa beauté musicale. Je me suis plu à évoquer la rencontre amoureuse, le désir charnel (toujours la chair), mais aussi l’eau sournoise, mon ennemie héréditaire, quand elle déchire la pierre ou quand elle s’infiltre partout, humide et automnale, ou encore le vraiment sordide. J’ai même imaginé Adam regrettant Lilith, après qu’elle ait été chassée du paradis.
Il m’est aussi arrivé de mettre le sonnet cul par-dessus tête.
Mon préféré
Mon sonnet préféré (parmi ceux que j’ai écrit) est celui qui parle de mon amour pour l’écriture.
J’ai aussi réalisé un sonnet dissyllabique (en vers de deux syllabes) qui résume la vie… et la chair, et qui ne me déplait pas.
Sonnets fantaisistes
J’ai aussi composé trois sonnets, une trilogie donc, appartenant en ce monde au genre littéraire de la fantasy, du temps de ma deuxième vie. Ils me plaisent parce qu’ils évoquent trois points de vue différents (et tu sais, ô lecteur, combien cette notion m’est chère si tu as lu l’article en question) sur un mode léger d’un évènement relativement sanglant (Il y a tout de même un assassinat).
Caresses de chat
ne peut apporter de puces
au tendre minet
griffes de velours
font la patte sensuelle
pour dire bonjour
Ma griffe enchantée
patte de velours sur peau
accès aux mystères
L’échange est plaisir
où sobriété s’installe
en simple opinion.
Hugo n’est pas lent
en portion mystérieuse
ou même en chaland.
Je suis très placide
dire que je suis chat lent
c’est fort de café
Surtout au matin
quand la lune s’ensommeille
dans un ciel de pleurs
Merci du partage
des mots de ronronnements
et citer Hugo !
Pour qui sait la goûter…
Nectar dans un calice !
Et sans chercher l’Olympe
J’écris en mots très simples.
Ami Chibani, je vais te répondre avec les mots d’un grand deux-pattes, Victor Hugo. Ce qui suit est extrait de son William Shakespeare :
Je cite Hugo parce qu’il est un phare pour quiconque tente de donner sens aux mots et de jouer avec eux.
Même moi, un chat (siamois de surcroît), je m’incline devant lui !
Orange, ô désespoir
Là que n’ai-je en ce lieu
Laissé tout mon savoir
Pour le plaisir d’un dieu !
L’agrume est délicat
Et sa peau un délice
Pour qui sait la goûter…
Merci, ô toi qui offres tes mots en partage en ce lieu.